Appel aux chercheurs, historiens, archivistes : visite d’un éléphant en France de 1643 à 1646

Au XVIIème siècle, le Stadholder Frederik Hendrik, l’homme le plus puissant de Hollande, avait exprimé le souhait que la Compagnie des Indes Orientales fasse venir un éléphant. L’ordre fut exécuté et le premier éléphant hollandais débarqua à Amsterdam au cours de l’été 1633. Nous savons que celui-ci, ou plutôt celle-ci, s’appelait Hansken et était née au Sri Lanka trois ans plus tôt. Elle allait parcourir de nombreux pays d’Europe.

L’histoire de Hansken est absolument remarquable. Ceux qui n’avaient jamais vu d’éléphant auparavant furent particulièrement impressionnés par sa taille, son poids et ses performances. Quelques années après son arrivée, Hansken se retrouva entre les mains d’un Hollandais, Cornelis van Groenevelt. Il lui apprit 36 tours tel que : tirer un coup de fusil, se brosser à l’aide d’un balai et se sécher avec une serviette, brandir une épée, mettre un chapeau et l’enlever. Citadins et villageois, mais aussi poètes, artistes, érudits et rois, tous acceptaient de payer quelques sous pour la voir sur scène.

Van Groenevelt emmena Hansken de foire en foire pendant près de 20 ans. Le périple de l’éléphant s’acheva pendant sa tournée italienne, par son décès à Florence en 1655. Son squelette s’y trouve encore, exposé au musée de la Specola. Alors seul squelette d’éléphant disponible, Hansken fut l’objet de plusieurs descriptions scientifiques, utilisées par Linné au XVIIIème siècle dans sa taxonomie décrivant le monde animal. Elle fournit le spécimen type de sa propre espèce : Elephas maxima.

L’éléphante laissa de nombreuses traces de son passage dans les chroniques de son temps. Chez les artistes, cet animal intelligent attira l’attention, entre autres, du peintre Rembrandt, qui l’a dessinée à plusieurs reprises, et du graveur Stefano della Bella.

Historien et chercheur hollandais, Michiel Roscam Abbing a exploré la remarquable histoire de Hansken pendant de nombreuses années. Il a pu reconstituer son voyage à travers plus de 80 villes d’Europe. Le résultat de ses recherches a fait l’objet d’un livre, publié en 2016, et d’un site internet où il continue de mettre de nouvelles informations à la disposition de tous : www.elephanthansken.com.

Michiel Roscam Abbing est également le conservateur invité de l’exposition qui sera consacrée à l’éléphante au Musée de la Maison de Rembrandt à Amsterdam, du 19 juin au 27 septembre 2020.

En ce qui concerne la France, nous n’avons retrouvé aujourd’hui que très peu de mentions dans les textes historiques, bien que, de source sûre, Hansken se soit rendue dans plusieurs villes françaises entre 1643 et 1646. En comparaison, l’Allemagne, la Suisse, l’Autriche, la Belgique, l’Italie ont fourni pléthore d’informations. Il serait surprenant que les chroniqueurs ou les artistes français aient été moins sensibles que leurs voisins européens au passage de l’éléphante.

Dr. Michiel Roscam Abbing fait donc appel aux chercheurs, historiens et archivistes en contact avec les textes de cette époque, pour qu’ils lui signalent toutes les mentions qu’ils trouveraient sur Hansken.

Voici le peu que nous savons aujourd’hui sur la partie française du périple. En mars 1643, l’éléphante se trouvait encore à Gand en Belgique. Elle aurait été à Paris quelques mois plus tard. Le diplomate français Claude Joly, dans ses mémoires de voyage, raconte avoir vu Hansken à Munster à l’automne 1646. Il reconnait l’éléphant déjà vu à Paris quelques années plus tôt, jouant exactement les mêmes tours. Ce témoignage est corroboré par celui du voyageur allemand Elias Brackenhofer qui a vu l’animal à Blois en juin 1643. Il raconte avoir été impressionné par ses dimensions et son poids. Après cela, nos sources sont muettes. Nous ne savons pas où Hansken passa l’année 1644 et, concernant 1645, les indices sont ténus. En janvier 1645, nous retrouvons Hansken à Agen, où nous savons que le public devait payer 3 sous pour la voir, puis à Arles, en juin de cette même année, où elle fut logée à l’Hôtel de la Monnaie. En 1646, Hansken voyage en Hollande puis en Allemagne.

Toute information complémentaire pourra être envoyée directement à l’adresse mail de Michiel Roscam Abbing : michiel [at] roscamabbing.org. Le résultat de ces nouvelles recherches sera présenté lors de l’exposition, dans l’édition anglaise de son livre (prévue en 2020), ainsi que sur le site internet mentionné ci-dessus. Merci à tous!